Rappel de la stratégie énergétique, pour la France, du groupe socialiste
- Karim Benbrahim
- 19 juin
- 3 min de lecture

Monsieur le Rapporteur,
Ce n'est pas parce que vous n'avez pas compris nos réponses ou que vous avez lu trop rapidement le rapport que vous avez présenté, que pour autant les éléments de réponse à vos questions ne sont pas inscrits dans ce document.
La stratégie énergétique que propose le groupe socialiste et apparentés pour notre pays a vocation à répondre à trois ambitions et je vais vous les réexpliquer. La première de ces ambitions, c'est de réussir la décarbonation de notre économie. La seconde de ces ambitions, c'est de renforcer notre souveraineté industrielle et énergétique. Et la troisième de ces ambitions, c'est de permettre à chacun de nos concitoyens et à chacune de nos entreprises de disposer d'une énergie compétitive.
Pour atteindre ces trois objectifs, quatre leviers. Le premier de ces leviers, c'est d'investir dans la sobriété énergétique et dans l'efficacité énergétique. Vous le savez, l'énergie la moins chère, l'énergie la plus propre, c'est celle que nous ne consommons pas.
Le second de ces leviers, c'est d'investir massivement dans le développement des énergies renouvelables. Des énergies qui nous permettent notamment de couper le lien avec des régimes autoritaires avec lesquels nous avons peu de choses en commun et qui portent bien souvent atteinte à nos intérêts stratégiques et à nos valeurs. C'est d'ailleurs dans ce sens que nous avons déposé un amendement pour viser à réduire nos importations depuis ces pays-là. Amendement auquel vous êtes opposés avec vos alliés du Rassemblement National, mandatés pour défendre notamment le régime de Vladimir Poutine.
Le troisième de ces leviers, c'est de soutenir l'électrification des usages pour passer de vecteurs thermiques à des vecteurs électriques.
Et puis le quatrième levier que nous proposons, c'est d'investir dans le nucléaire. Pourquoi est-ce qu'il est important d'investir dans le nucléaire ? Parce qu'aujourd'hui, le nucléaire couvre près de 70% de nos consommations électriques. Aujourd'hui, le nucléaire nous permet de bénéficier massivement d'une énergie décarbonée. Pour autant, les centrales nucléaires ont initialement été dimensionnées pour une durée d'exploitation de 40 ans. Et donc nous savons que nous sommes face à une diminution annoncée prévisible du productible nucléaire ou du moins de la disponibilité des centrales nucléaires. Pour faire face à cette diminution annoncée, il est nécessaire d'investir dans la prolongation de la durée d'exploitation du nucléaire historique.
Nous sommes ici dans une loi de programmation. Nous ne sommes pas ici dans une loi qui nous permettra de réaliser le travail de l'autorité de sûreté. Dans cette loi de programmation, nous devons inscrire des objectifs d'investissement. Et l'objectif d'investissement que nous proposons d'atteindre, c'est de prolonger la durée d'exploitation des centrales pour leur permettre d'aller jusqu'à 60 ans de durée d'exploitation.
Monsieur le Rapporteur, vous me demandez pourquoi nous proposons d'investir dans le nucléaire. Je vous ai présenté un élément. Le deuxième élément, c'est qu'aujourd'hui, un mix énergétique 100% renouvelable n'est pas garanti en matière de pilotabilité. Il y a des éléments techniques qui ne sont pas encore totalement tranchés. Donc, pour assurer la sécurité du système électrique, il est nécessaire de conserver une part non négligeable de moyens de production pilotables. Dans notre système électrique, nous avons deux éléments majeurs décarbonés pour répondre à ce besoin. C'est la production hydroélectrique et c'est la production nucléaire. C'est la raison pour laquelle nous pensons qu'au-delà de la prolongation de la durée de vie des nucléaires historiques, il est nécessaire et important de lancer la construction de nouveaux réacteurs. Mais cette construction de nouveaux réacteurs doit répondre au minimum nécessaire, au juste dimensionnement nécessaire pour assurer la pilotabilité du système électrique.
Par l'adoption de l'article 3, vous êtes allés au-delà, alors qu'on ne connaît pas encore avec certitude la capacité de construire ces réacteurs, le coût de construction de ces réacteurs. Et donc, par l'adoption de cet article 3, vous faites peser un coup sur la compétitivité énergétique de notre pays. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas soutenu votre ligne stratégique. Voilà les quelques éléments que je voulais vous apporter pour répondre à vos interrogations. J'ai bien compris que, sur le fond, tout cela ne vous intéressait pas, que vous êtes enfermés dans une alliance avec le Rassemblement national et on continuera d'examiner le texte, malheureusement, dans ce cadre-là.
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