Loi de programmation énergétique : mon intervention dans l'hémicycle - énergies renouvelables
- Karim Benbrahim
- 19 juin
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Intervention en séance publique le 19 juin 2025 :
Monsieur le rapporteur Antoine Armand,
Vous renoncez à inscrire dans une loi de programmation toute programmation relative à la production hydraulique, au stockage hydraulique, à l'éolien offshore, au photovoltaïque, à l'agrivoltaïsme, à la production de froid et de chaleur renouvelable, à l'hydrolien, à l'éolien terrestre, à la biomasse, à l'énergie marée motrice, à la géothermie, pourtant chère à notre Premier ministre. On ne peut plus appeler ce texte une loi de programmation. La seule chose que vous acceptez de maintenir dans ce texte, c'est un objectif de développement des énergies décarbonées, un objectif qui ne nous permettra même pas de respecter les engagements que nous avons pris à travers la directive RED 3.
Dans le même temps, vous lancez la construction de 14 nouveaux réacteurs. Cet objectif, vous l'avez inscrit hier dans l'article 3 de cette proposition de loi, et pourtant, nous n'avons aucune garantie, aucune visibilité sur leurs coûts de construction. Nous n'avons aucune garantie sur la capacité de la filière nucléaire à réaliser et financer ces investissements. Nous n'avons aucune visibilité sur une stratégie claire sur la gestion des déchets qui seront produits par ces 14 nouveaux réacteurs.
Vous nous dites que vous souhaitez un mix énergétique équilibré, mais quelle hypocrisie. Vous nous dites que vous souhaitez avancer avec nos 2 jambes, la jambe nucléaire et la jambe renouvelable. C'est aussi l'idée que nous défendons. Alors pourquoi renoncez-vous à inscrire dans la loi de programmation tout objectif ENR ? Vous refusez même jusqu'à l'emploi de ce mot dans le texte que vous nous proposez.
Vous nous dites que vous êtes soucieux du prix de l'énergie et vous refusez d'engager par la loi notre pays vers des énergies compétitives pour ne froisser aucun de vos alliés sur ce texte. Vous nous dites que vous souhaitez réindustrialiser le pays, mais vous renoncez à soutenir un tissu industriel qui s'est créé ces dernières années, notamment dans l'éolien offshore, parfois avec des grands groupes internationaux, mais aussi souvent avec un tissu de PME qui s'est développé dans nos territoires. Vous devriez donc renoncer et retirer l'amendement 568 que vous nous avez présenté. Il est indigne du texte issu des travaux de la Commission. Vous le savez très bien, et s'il était adopté, vous rendriez ce texte absolument repoussoir.
Donc l'amendement que je présente, le 855, a vocation à inscrire dans le texte un objectif de soutien et de développement de l'éolien offshore. Nous donnons un objectif de 18 gigawatts à l'horizon 2035 et de 45 gigawatts à l'horizon 2050. La France dispose d'un véritable atout avec sa façade maritime. Nous avons là un gisement incroyable, exceptionnel, pour à la fois décarboner nos usages, pour à la fois soutenir des emplois nouveaux, pour à la fois réindustrialiser notre pays.
Il ne serait pas responsable d'adopter une loi de programmation qui ne comprendrait pas un objectif de développement de l'éolien offshore. C'est une énergie compétitive et les derniers appels d'offres ont fait preuve de cette compétitivité-là. C'est une filière industrielle déjà créatrice d'emplois, c'est une filière industrielle qui est aussi en capacité de s'exporter à l'étranger. Le manque de visibilité, sur cette filière-là, a déjà mis en péril un certain nombre d'emplois. Je pense en Loire-Atlantique, dans les usines et les bureaux d'études de Général Electric, à Montoir et à Saint-Herblain.
Il faut dire stop à cette stratégie de manque de visibilité. Et donc c'est la raison pour laquelle on a déposé ce sous-amendement qu'on vous propose d'adopter.
Je vous remercie.
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