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Loi de programmation énergétique : mon intervention dans l'hémicycle


Monsieur le président,


Puisqu'il faut trouver le juste équilbre entre énergies renouvelables et énergie nucléaire, je veux commencer mon propos présentant quelques atouts de l'énergie nucléaire. Aujourd'hui, le nucléaire nous permet de limiter notre dépendance à la Russie de Vladimir Poutine . Il nous permet de disposer d'une énergie électrique largement décarbonée. Parce qu'il est pilotable, il contribue aussi à la sécurité d'approvisionnement électrique de notre pays.


En 2024, 67% de la production électrique française était d'origine nucléaire. Si un mix électrique 100% renouvelable est un objectif à aller chercher, notre pays ne pourra pas, à l'évidence, se passer du nucléaire dans les prochaines décennies. Sauf à accepter de prendre un risque inconsidéré, qui porterait une menace sur les prix de l'énergie et la disponibilité d'une énergie électrique en quantité suffisante. Comme le dit l'expression courante, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.


Nous avons donc proposé de conserver dans notre mix énergétique la quantité d'énergie nucléaire strictement suffisante pour répondre à nos objectifs de souveraineté, de compétitivité et de décarbonation. Le nucléaire doit avoir sa juste place dans le mix énergétique, ni plus ni moins.


Plus que sa place, c'est la vision des bancs les plus à droite de cette Assemblée. Faut-il commenter la proposition de construire 44 nouveaux réacteurs d'ici 2050 ? Plus que sa place, c'est aussi votre vision, M. le rapporteur, M. le ministre. C'est en fait la vision du Président de la République, Emmanuel Macron. Vous nous proposez 14 nouveaux EPR, mais sans évaluation de leur impact sur les prix de l'énergie, sans éclairage sur la capacité des sites existants ou déjà projetés à gérer les déchets nucléaires qui seront ainsi générés, sans prise en compte non plus de la capacité financière d'EDF à réaliser ses investissements, sans prise en compte enfin de la capacité industrielle de la filière nucléaire à réaliser ses investissements.


Ni plus ni moins, je disais tout à l'heure. Moins que sa place, c'est la vision qui consiste à dire que nous pourrions, à court ou moyen terme, à la fois réaliser notre sortie du carbone et notre sortie du nucléaire. Je note d'ailleurs avec intérêt la position de nos collègues du groupe écologiste et social qui prennent en compte, je cite, "le réalisme énergétique pour justifier désormais la prolongation de la durée d'exploitation des réacteurs existants".


A l'heure ou le Trumpisme et le Lepenisme attaquent le travail des scientifiques et alors qu'ici même, hier encore, une partie du socle commun votait main dans la main avec le Rassemblement national pour rejeter les EDF et le ZAN, nous vous avons proposé une vision de compromis basée sur la science, la technique et le retour d'expérience. Cette vision de compromis, elle vise à faire opposer nos décisions en matière énergétique, non pas sur des dogmes énergétiques, mais à laisser le temps du chiffrage financier, du retour d'expérience, de l'étude des risques de sûreté nucléaire avant d'aller au-delà de la construction de huit nouveaux réacteurs. Cette solution, M. le rapporteur, M. le ministre, vous la balayez. Vous considérez que la bienveillance du Rassemblement national à l'égard de François Bayrou vaut plus qu'une politique énergétique exigeante.


Nous avons proposé deux amendements, les 587 et 588. Nous avons proposé plusieurs sous-amendements à vos amendements, M. le rapporteur, M. le ministre, parmi lesquels les 759, 761, 797 et 798. Si aucun de ces amendements n'était adopté, alors les députés socialistes et apparentés s'opposeront aux objectifs de relance présents dans le texte que vous proposez.


Nous nous y opposerons car ils ne permettent pas de garantir ni un prix bas pour nos concitoyens et nos entreprises, ni la faisabilité de la direction que vous nous proposez de prendre. Ils nous éloigneraient un peu plus encore des investissements que nous devons réaliser dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique et des adaptations à apporter pour plus de sobriété.



Nous pensons que cette proposition de loi doit permettre de lancer les investissements nucléaires nécessaires à l'atteinte de nos objectifs écologiques et économiques. Mais cette relance ne doit pas se réaliser sur une base idéologique décorrélée des intérêts de notre pays et de nos concitoyens. Assurément, le sujet énergétique mérite mieux que des petits accords politiques. Merci.


Retrouvez la vidéo de mon intervention : https://youtu.be/yeY8I3mGwwI

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